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Prévention

La radiothérapie flash, futur traitement du cancer ?

Mercredi 15 octobre 2025

Une énergie jusqu’à 25 fois supérieure, un rayonnement 1 000 fois plus rapide, des tissus sains protégés : la technologie « flash » pourrait bien révolutionner le traitement du cancer. Si les essais cliniques le confirment, elle permettrait d’améliorer le confort des patients, réduire les effets secondaires et détruire des tumeurs inopérables. En France, deux projets de construction de machines dédiées sont en cours.

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poumon radiothérapie

Depuis 2011, la découverte suscite l’espoir. Cette année-là, le Dr Vincent Favaudon, chercheur à l’Institut Curie, observe que des rayons très intenses, délivrés en quelques millisecondes, détruisent les cellules malignes tout en épargnant les tissus sains à proximité. 

L’effet « flash » a ensuite été l’objet de recherches prometteuses pour la guérison du cancer, in vitro et sur l’animal. Celles-ci passent aujourd’hui à la vitesse supérieure.

L’institut Curie projette la construction d’une machine de radiothérapie flash, afin de lancer une étude clinique à l’horizon 2030. Avec le financement du plan d’investissement France 2030, la recherche d’un industriel pour la réalisation de cet équipement spécifique est lancée. La même ambition est en cours au centre Gustave Roussy, en partenariat avec le Centre hospitalo-universitaire de Lausanne, en Suisse, le Centre européen des particules (le CERN) et une entreprise française, Théryq. Un troisième projet américain est, lui, porté par l'université de Standfort. 

Des tissus sains préservés


Ces constructions sont nécessaires pour avancer : les équipements utilisés jusqu’ici pour les expérimentations animales n’ont pas l’énergie suffisante pour traiter toutes les tumeurs chez l’humain. 

Comparé à la radiothérapie conventionnelle, le projet de l’Institut Curie, nommé Frathea (Flash radiation therapy electron acceleration), vise une énergie jusqu’à 25 fois supérieure, un rayonnement 1 000 fois plus rapide.

Pour le patient, le confort sera amélioré, avec une durée et un nombre de séances raccourcis – un avantage non négligeable, lorsque le traitement est quotidien et que l’on vit loin de l’hôpital. Mais l’espoir se porte aussi sur la guérison de cancers dits « incurables », car les rayons peuvent atteindre les tumeurs profondes, inopérables. Tout en préservant les organes vitaux et tissus non cancéreux, qui ne sont pas abîmés sur un temps aussi court de traitement. 

Pourquoi ? « Nous ne comprenons pas encore complètement le mécanisme biologique, explique le Pr Gilles Créhange, chef du département de radiothérapie-oncologie à l’Institut Curie. On pense que l’oxygène joue un rôle important et qu’il permet de protéger les cellules saines. »

Un espoir pour les cancers radio-résistants


La technologie flash permettrait aussi d’augmenter les possibilités de réirradation : les malades pourraient être traités plusieurs fois. « Aujourd’hui, il est difficile de suivre plus de deux ou trois traitements par radiothérapie, au même endroit. On augmenterait cette capacité-là. Nous voulons traiter les cancers radio-résistants ou pour lesquels la toxicité de la radiothérapie conventionnelle est trop importante pour pouvoir délivrer des doses suffisantes : les cancers du poumon localement avancés, du cerveau, du pancréas ou encore ceux qui touchent l’enfant. »

Reste à valider cette découverte par des essais cliniques. Avant l’arrivée des nouvelles machines « flash » à l’horizon 2030, « des recherches ont déjà été menées aux États-Unis avec des installations de protonthérapie. Extrêmement coûteuses et difficiles d’accès, elles permettent toutefois d’utiliser des particules de très haute énergie », reprend le Pr Gilles Créhange. Ainsi, l’étude américaine FAST 01 (publiée en 2022), réalisée sur 10 patients atteints de métastases douloureuses, a montré l’efficacité de l’effet flash pour soulager la douleur. L’étude FAST 02, qui vise à évaluer la toxicité pulmonaire lors du traitement de métastases thoraciques, est en cours. Enfin, le centre de protonthérapie de l’université de Pennsylvanie se prépare également à lancer un essai clinique sur des cancers ORL.