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Santé

La lutte contre les déserts médicaux s'organise

Mercredi 15 octobre 2025

Alors que de nombreux praticiens partent à la retraite, les déserts médicaux gagnent du terrain en raison d’une relève insuffisante. Pour y remédier, de nouvelles mesures législatives visent à améliorer l’accès aux soins.

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illustration ordinateur et accessoire médicaux

Un désert médical désigne un territoire où l’accès aux professionnels de santé, notamment aux médecins généralistes, est insuffisant, en raison d’une offre limitée ou d’une mauvaise répartition géographique. 

Cette situation peut entraîner des délais d’attente prolongés, de longs déplacements pour consulter un médecin, voire un renoncement aux prises en charge médicales. Plus de 60% des Français déclarent avoir déjà renoncé à des soins au cours des cinq dernières années, faute de médecin disponible (source : Ipsos). Ainsi, six millions d’entre eux n’ont pas de médecin traitant.

Quelles mesures contre les déserts médicaux ? 


Une nouvelle loi encadre désormais l’installation des praticiens dans les zones déjà bien pourvues en offre de soins. Dans ces territoires dits « surdotés », tout médecin souhaitant ouvrir un cabinet devra au préalable obtenir une autorisation de l’Agence régionale de santé (ARS)

Ce dispositif s’inscrit dans le « pacte de lutte contre les déserts médicaux », lancé en avril 2025, qui vise à garantir un accès équitable aux soins sur tout le territoire. « La mesure phare, c’est que les médecins généralistes qui exercent dans des zones qualifiées de normodotées ou surdotées en professionnels de santé puissent venir apporter leur soutien dans des zones qualifiées de déserts médicaux », explique Emmanuelle Barlerin, coprésidente d’AVECsanté, le mouvement représentatif des Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) en France. 
Concrètement, les praticiens pourront assurer jusqu’à deux jours de consultation par mois dans ces zones, tout en ayant le droit de se faire remplacer dans leur cabinet. Une prime de 200 euros a également été annoncée par le ministère de la Santé pour inciter ces interventions. L’association AVECsanté est réservée sur la mise en œuvre. « Nous sommes sceptiques quant à la faisabilité et à la qualité des soins dans le cadre de la continuité des soins », rapporte sa coprésidente. Au-delà de cette première mesure, ce texte engage aussi une action à long terme pour diversifier l’origine géographique et sociale des étudiants en santé. Enfin, il prévoit la modernisation de l’organisation des soins en simplifiant les démarches administratives des professionnels, en développant le recours aux assistants médicaux et en valorisant les compétences des professionnels paramédicaux.

Amplifier des solutions déjà en place


Les assistants médicaux, qui assurent la prise en charge de certaines tâches administratives et préparent les patients à la consultation, permettent de libérer du temps médical et d’augmenter le nombre de consultations. Dans le cadre du « pacte de lutte contre les déserts médicaux », le Gouvernement souhaite lever les freins au développement du dispositif, notamment la capacité de formation et d’élargir les missions des assistants médicaux afin qu’ils puissent réaliser certains actes du quotidien. « L’objectif affiché est le déploiement de 15 000 assistants médicaux d’ici 2028 », précise la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Parallèlement, se poursuit le déploiement des médicobus en lien étroit avec les ARS, avec un objectif de 100 unités mobiles sur l’ensemble du territoire.

Une cartographie des déserts médicaux 


La cartographie des « zones rouges », c’est-à-dire les intercommunalités les plus touchées par la désertification médicale selon le plan gouvernemental, montre qu’elles se situent surtout le long de la « diagonale du vide » là où la densité de population est relativement faible (Est, Centre, Sud-Ouest). On en trouve également en Guyane et à Mayotte. Ces zones concernent entre 2 et 2,5 millions d’habitants. La carte révèle également que 87 % du territoire national est classé en situation de fragilité médicale, incluant désormais des zones périurbaines et villes moyennes.