Édulcorants : démêler le vrai du faux sur leurs risques pour la santé
Les boissons light, les chewing-gums sans sucre, les yaourts allégés… tous contiennent des édulcorants et peuvent donner l’impression d’une alternative saine, sans calories. Mais aspartame, acésulfame K ou sucralose (pour citer les additifs alimentaires les plus utilisés par les industriels) devraient être consommés avec modération. Décryptage.
 
Le pouvoir sucrant des édulcorants est bien supérieur à celui du sucre
Vrai, pour la plupart. Les édulcorants dits « intenses » ont un pouvoir sucrant bien supérieur au sucre : jusqu’à 200 fois plus élevé pour l’aspartame ou l’acésulfame K, 600 pour le sucralose… « Cela permet d’en mettre très peu, explique Mélanie Deschasaux-Tanguy, membre de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’Inserm (CRESS-EREN). Mais il existe une autre catégorie : les édulcorants « de charge » (isomalt, maltitol, sorbitol, etc.), dont le pouvoir sucrant est moindre – équivalent ou légèrement supérieur à celui du sucre. »
Ils permettent de perdre du poids
Faux. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), tout comme l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), ne recommande pas une consommation d’édulcorants dans l’objectif de perdre des kilos. « Certaines études d’observation montrent que l’utilisation d’édulcorants intenses est paradoxalement associée à un gain de poids, sans que la causalité de cette association n’ait été établie », précise l’Anses 1.
Certes, le remplacement du sucre par de l’aspartame, notamment dans les boissons, réduit l’apport de calories. Mais le consommateur « ne se déshabitue pas au goût sucré et peut en consommer par ailleurs », regrette Mélanie Deschasaux-Tanguy.
Tous les édulcorants sont artificiels
Faux. Certains sont naturels, comme l'extrait de stévia ou le xylitol. Mais, tout comme les édulcorants artificiels, leur consommation doit rester occasionnelle. Le mécanisme visant à tromper le goût sucré reste le même.
Les édulcorants sont dangereux
Probablement. Mélanie Deschasaux-Tanguy nuance : « Ce n’est pas complètement tranché ! » L’étude NutriNet-Santé, à laquelle la chercheuse a contribué, avec environ 104 000 adultes participants, suggère une association entre la consommation d’édulcorants et un risque accru de maladies cardiovasculaires, de cancers, ainsi que de diabète de type 2. « On observe des effets à des doses qui sont très en dessous de ce qu’on appelle la “dose journalière admissible”, fixée à partir d’expertises toxicologiques. C’est la répétition de l’exposition aux édulcorants qui pose problème. »
L’OMS fixe la limite journalière à 40 mg par kilogramme de poids corporel, pour l’aspartame. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a, quant à lui, classé cet édulcorant comme « peut-être cancérogène pour l’homme ».
Ils sont utiles pour les diabétiques
Probablement pas. Même pour la population diabétique, les édulcorants ne sont pas indispensables. " La bonne idée, c'est de réduire la consommation de produits sucrés, reprendre la chercheuse. Si l'on souhaite un yaourt aux fruits, il vaut mieux prendre un yaourt nature et ajouter des fruits coupés, plutôt que d'opter pour un produit aromatisé light
Les édulcorants sont mauvais pour le microbiote intestinal
Vrai. Comme le souligne une revue de la littérature scientifique effectuée par deux chercheurs de l'United International College de Zhuhai (Chine), publiée en janvier 2025 dans Journal of the Science of Food and Agriculture², différentes études ont montré une altération du microbiote due à la consommation d'édulcorants. Les doses acceptables, les mécanismes et les enjeux à long terme ne sont pas encore bien définis et nécessitent de nouvelles recherches.
 
             
 
 
