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Santé

COMMENT FAIRE EFFACER UN TATOUAGE ?

Vendredi 13 décembre 2019

Le motif que vous avez fait tatouer sur votre peau il y a quelques années ne vous plaît plus. Pire, il vous insupporte et vous regrettez cette erreur de jeunesse. Quelques séances de laser devraient le faire disparaître, mais il faut savoir que c’est parfois compliqué et souvent douloureux.

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Pour parvenir à ces conclusions, parues dans la revue Current Biology, les scientifiques ont réalisé des IRM sur 41 volontaires endormis. Via des écouteurs, les chercheurs leur ont diffusé différentes paires de mots : un mot en allemand et sa traduction en langue imaginaire. Tous ces mots désignaient des choses plus petites qu’une boîte à chaussures. Les scientifiques ont ensuite présenté ces faux mots (sans leur traduction allemande) aux participants une fois réveillés. Ces derniers devaient préciser si ces mots représentaient des objets capables d’entrer dans une boîte à chaussures. Les chercheurs ont alors constaté que la mémorisation avait bien eu lieu dans la majorité des cas, surtout lorsque les paires de mots avaient été répétées plusieurs fois et transmises pendant le sommeil lent (période intense d’activité des neurones). Les IRM ont quant à elles confirmé une augmentation de l’activité dans les zones du langage et de l’hippocampe du cerveau lorsque les paires ont été présentées. Un cerveau endormi peut donc coder des informations inconnues et même procéder à de nouvelles associations.

PARFOIS LONG ET DOULOUREUX

Le nombre de séances de laser peut en effet énormément varier selon la densité du tatouage et sa profondeur d’incrustation. Il faut, de plus, respecter un délai de deux mois entre les séances pour éviter les cicatrices. « Certains tatouages s’enlèvent en une seule fois, quand d’autres nécessitent dix à quinze séances, précise Isabelle Catoni, membre du Syndicat national des dermatologues vénéréologues (SNDV) et de la Société française de dermatologie (SFD), car la principale difficulté n’est pas la taille du dessin, mais plutôt son épaisseur. »

Un motif léger, comme un effet de volutes ou de fumée, sera donc très facile à traiter. Ce ne sera toutefois pas une partie de plaisir : si le détatouage fait généralement moins mal que le tatouage, cela dépend de la sensibilité de chacun, mais aussi de la localisation du dessin. « Les plus douloureux à enlever sont ceux qui se trouvent sur la face interne du poignet ou de la cheville, des zones osseuses, innervées, très vascularisées et qui demandent donc beaucoup de précautions, note la dermatologue. Il est fréquent qu’il reste à ces endroits du corps comme une ombre bleutée, qui ressemble à un nuage. C’est un peu de poudre d’encre qui n’a pas été complètement éliminée par les vaisseaux lymphatiques et qui demeure apparente parce que ces derniers sont près de la surface de la peau. » Pour que la séance de laser – qui dure rarement plus de dix minutes – se passe sans trop de désagréments, une crème anesthésiante est appliquée au début, et une crème apaisante et antiseptique à la fin.

DES APPAREILS ULTRASOPHISTIQUÉS

L’appareil star du détatouage est le Q-Switched. Il comprend trois types de lasers, émettant des rayonnements de longueurs d’ondes différentes : le Ruby, le Yag ou l’Alexandrite, que le dermatologue choisit en fonction des pigments à atteindre et des couleurs à effacer. « Il faut considérer les encres dans la peau comme autant de rochers de couleur, trop gros pour que les cellules macrophages, chargées du « nettoyage », puissent les déplacer et les éliminer. Le laser va les aider dans leur tâche en « explosant la cible » : il transforme chaque gros rocher en sable », explique Isabelle Catoni.

DES COULEURS REBELLES

Attention, cependant, si vous avez un tatouage polychrome, car vous risquez d’être déçu. « Le noir, le bleu foncé, le marron et le rouge partent facilement, mais certaines couleurs, comme le bleu turquoise, le jaune, l’orange, le vert pomme ou les teintes fluo, sont impossibles à effacer », prévient la spécialiste. Sur les peaux noires, seul le Yag, qui émet des ondes infrarouges, peut être utilisé, mais il ne pourra pas enlever la couleur rouge. Autre difficulté : « Une forte densité de pigments peut créer un relief sur la peau, que le laser pigmentaire ne lisse pas. » Isabelle Catoni conseille aussi de bien réfléchir avant de faire réaliser un « maquillage permanent » et, une fois la décision prise, de s’adresser à un professionnel de l’esthétique, car ce tatouage cosmétique, qui souligne le contour des lèvres, des yeux ou encore des sourcils en introduisant un pigment (de l’oxyde fer) dans le derme à l’aide d’un appareil électrique, ne pourra pas être enlevé par un laser.

Dernière chose à savoir : bien que ce soit un acte médical, qui doit être pratiqué par un dermatologue spécialement formé, apte à poser un diagnostic et à utiliser les appareils en fonction de la peau du patient, la séance de détatouage, dont le prix peut varier entre 50 et 200 euros, n’est pas remboursée par la Sécurité sociale.

Pour plus d’informations sur les lasers dermatologiques, consultez le site de la Société française de dermatologie (SFD) : Dermato-info.fr, rubrique « Techniques et traitements », puis « Les lasers dermatologiques ».


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