contact
Bien-Être
Santé

Stress au travail : parlez-en !

Lundi 05 février 2018

En matière de santé au travail, le stress est l’ennemi numéro un.

Image

La moitié des Français souffre d’anxiété professionnelle. Un quart connaît même l’hyperstress. Etats des lieux et solutions pour enrayer ce phénomène.


Alors que les nouvelles conditions de travail améliorent peu à peu les travaux les plus pénibles et répétitifs, paradoxalement, la souffrance psychique au travail va grandissante.

D’après une étude publiée par le cabinet Stimulus en novembre 2017, un quart des salariés français souffre d'un état d’hyperstress au travail1.

Plus de la moitié d'entre eux (52 %) avoue une anxiété importante, voire un niveau dépressif élevé pour près d’un tiers (29 %). 

Véritable fléau, le stress est devenu, ces dernières années, un enjeu de santé publique. Et pas seulement en France : on estime que dans l’Union européenne (UE), une personne sur deux est touchée par le stress. « Toutes les études scientifiques depuis 2007, produites par l’Institut national de recherche et de sécurité ou l’Agence européenne de santé et de sécurité au travail, montrent que ce stress a des effets nocifs pour la santé chez 25 % des travailleurs européens. Et les Français sont aussi touchés que leurs voisins », précise Adrien Chignard, psychologue du travail.

 
Les causes du stress

La pression des délais, avec un impact notable sur le sentiment d’efficacité et l’estime de soi, les horaires irréguliers, l’impossible déconnexion (week-end compris) et le contact avec un public parfois difficile (clients, patients, élèves). « Les enseignants ou hôtesses de caisse sont ainsi davantage exposés, pointe le psychologue. Tout comme les métiers en lien avec les soins, qui nécessitent un engagement émotionnel fort : médecin, sage-femme, infirmière, psychologue, etc. »

Les femmes seraient les plus touchées (57 % contre 47 %), non pas parce qu’elles sont moins fortes que les hommes, mais parce qu’elles doivent endosser plusieurs identités (activité professionnelle, tâches ménagères, etc.), parfois difficiles à concilier.

 
Médicaments et stupéfiants

Les conséquences générées par le stress ont un coût, aujourd’hui bien connu. Dans l’UE, 50 % des journées de travail perdues sont en effet directement liées à ce phénomène2. En termes de santé, cela se traduit par un risque accru de maladies cardiovasculaires et coronariennes, de dépression, voire de suicides… Le prix à payer sur le plan individuel est parfois fort. L’impact collectif, organisationnel et sociétal n’est pas non plus à négliger. « Tout cela a des répercussions sur la productivité des salariés et donc un coût financier extrêmement élevé pour les entreprises », complète Adrien Chignard.

Les Français sont cependant sortis du déni sur cette question et de plus en plus d’entreprises ont compris l’intérêt d’agir. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire. « En termes de plans d’action, la France n’est qu’à la 29ème place sur 36 en Europe. Conclusion : parler du stress, c’est bien ; le traiter, c’est mieux ! »

Sur le plan individuel, les remèdes employés par les Français sont rarement les bons. Les salariés concernés ont majoritairement tendance à s’isoler, à prendre des anxiolytiques ou des antidépresseurs, voire à noyer leur mal-être dans la dépendance à l’alcool, au cannabis ou à la cocaïne, dont la consommation ne cesse d’augmenter. Si l’on en croit un récent rapport de l’Académie nationale de médecine, les consommations addictives concerneraient plus de 20 millions d’actifs, notamment dans les secteurs du BTP, de la restauration, de la communication et des arts. « Tout cela fait taire les symptômes, mais pas la source… », déplore le psychologue.

 
Renforcer la prévention 

Premier réflexe, ne pas rester seul face à ce problème. « C’est la meilleure façon de générer de la culpabilité et de se maintenir dans une situation compliquée, prévient Adrien Chignard. Avoir au contraire le soutien de ses pairs constitue le meilleur rempart qui soit contre la détresse psychologique. »  Collègues, manager, membre du syndicat de l’entreprise, DRH et médecin du travail peuvent aider à prendre du recul sur les difficultés rencontrées. À l’entreprise ensuite de jouer son rôle pour détecter les problèmes (notamment via des enquêtes auprès des salariés) et y répondre de manière adéquate. Si à l’origine du stress, il y a un conflit, on peut mettre en place une médiation. S’il s’agit d’un problème de charge de travail, l’organisation de l’équipe peut être repensée, etc.

 
Soignez aussi votre hygiène de vie 

Le stress est l’unique réponse du corps face à des situations qu’il ne maîtrise pas. Bonne nouvelle : on peut l’entraîner à mieux y répondre. Le sport est l’un des meilleurs alliés en la matière. « Une activité physique régulière, dans l’idéal, 2 fois quarante-cinq minutes minimum par semaine, en faisant travailler le cardio-training, produit le même effet que certains antidépresseurs », note Adrien Chignard.

 Autres remèdes : une alimentation saine et équilibrée, un sommeil préservé et des émotions positives (s’engager dans des projets qui font sens pour soi, avoir des relations de qualité avec les autres…).

 

« Tout changement – fonctionnement, outil, organisation, déménagement – doit entraîner une consultation des salariés. Les entreprises qui intègrent cette donnée humaine se donnent les moyens de réussir leurs changements », affirme le psychologue. En matière de prévention, la formation est une autre piste fondamentale. Donner aux salariés les clés pour mieux gérer leurs priorités et leur stress, et informer les managers sur tous les comportements managériaux générateurs de stress au travail peut être utile. Enfin, la mise en place de cellules d’écoute par un psychologue, une fois par mois, permet d’accueillir et de prendre soin, de manière confidentielle, des salariés qui sont en souffrance. Une stratégie efficace sur le long terme pour redonner au travail sa juste place.

 

Sources : PSM - Ariane Langlois (Tribune santé)
 

1 www.stimulus-conseil.com/wp-content/uploads/2017/11/Observatoire-Stress-novembre-2017.pdf

2 Etude ESENER 2


À lire également sur la MMJ