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Santé

Végétalisme : est-ce bien raisonnable ?

Lundi 14 janvier 2019

La multiplication des scandales sanitaires, l’hégémonie de l’industrie agroalimentaire et, surtout, les images chocs tournées dans certains abattoirs ont conduit de nombreux consommateurs à se tourner vers le végétalisme. Exempt de tout produit d’origine animale, ce régime particulier expose à un certain nombre de carences qu’il convient de bien connaître avant de se lancer.

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Le refus de tuer ou de faire souffrir les animaux, c’est généralement ce qui motive la plupart de ceux qui optent pour le végétalisme. Ce régime alimentaire exclut la consommation de viande, de poisson, de fruits de mer et de tout autre produit d’origine animale, comme le lait, les œufs ou encore le miel. Une alimentation exclusivement basée sur le monde végétal, exempte de graisses animales saturées, censée aussi préserver de l’obésité et des maladies cardiovasculaires. Attention toutefois : « Cela ne peut fonctionner que si l’on maîtrise parfaitement les équivalences nutritionnelles, prévient le docteur Catherine Lacrosnière, nutritionniste à Paris. Il faut rappeler que nous ne savons pas fabriquer nos protéines et que nous dépendons d’acides aminés provenant exclusivement de l’alimentation. » En éliminant la source de protéines la mieux assimilable par l’organisme, les végétaliens s’exposent à un certain nombre de carences néfastes.

Fer, vitamine B12 et calcium

Parmi ces carences : le fer, que l’on trouve essentiellement dans la viande rouge. Indispensable au métabolisme, il favorise la production de globules rouges, préserve de l’anémie et joue un rôle au niveau musculaire. Les végétaliens risquent également de manquer de vitamine B12, présente surtout dans la viande, le poisson, les produits laitiers et les œufs. Essentielle au bon fonctionnement du système sanguin et nerveux, cette vitamine est pratiquement absente des aliments d’origine végétale. Enfin, en supprimant les œufs et les produits laitiers, le végétalisme expose à une déficience en calcium, utile à la constitution et à l’entretien de la masse osseuse. A noter également qu’une alimentation dépourvue de poisson et de produits de la mer peut conduire à une carence en zinc, un oligo-élément qui renforce le système immunitaire, et en acides gras oméga 3, qui participent au développement neurologique.

Suivi régulier chez le médecin

Pour éviter ces carences, « toute personne adepte du végétalisme devrait être suivie par un médecin et faire des prises de sang de contrôle régulières », indique le docteur Lacrosnière. Pour couvrir l’ensemble des besoins, les nutritionnistes conseillent de consommer de l’eau minérale riche en calcium et d’associer les protéines végétales des légumineuses à des céréales pour les apports en acides aminés, par exemple des haricots rouges ou des lentilles (très riches en fer) avec du maïs, comme cela se fait en Amérique centrale, ou des pois chiches avec de la semoule, comme dans le Maghreb. On recommande aussi de conserver les assaisonnements à base d’huile de colza et d’huile de noix, riches en oméga 3.

Si, malgré ces précautions, le médecin constate des carences, des complémentations, voire des traitements spécifiques devront être mis en place. Il s’agit notamment d’éviter l’anémie (provoquée par le manque de fer et de vitamine B12), qui se traduit par une plus grande sensibilité aux infections et une très grande fatigue. « D’une manière générale, le végétalisme est une alimentation que je ne conseille pas, comme beaucoup de mes confrères », souligne le docteur Lacrosnière. Et de conclure : « Même en faisant très attention, les risques de carence sont tout de même importants. Peut-être vaut-il mieux se tourner vers le végétarisme et accepter de consommer au moins des œufs et des produits laitiers. »


Végétarien, végétalien, vegan : quelles différences ?

Le végétarien choisit d’exclure toute chair animale de son alimentation : il ne consomme donc ni viande, ni poisson, ni fruits de mer. Ce type de régime est généralement motivé par la volonté de lutter contre la souffrance animale et de préserver sa santé (on sait désormais qu’une trop grande consommation de viande rouge peut entraîner des troubles cardiovasculaires). Certains végétariens évoquent aussi le souci de protéger l’environnement de l’élevage intensif et des pollutions que celui-ci peut engendrer.

Le végétalien choisit quant à lui de ne consommer que des produits issus du monde végétal : il rejette la viande, le poisson, les fruits de mer, mais aussi les produits laitiers, les œufs ou encore le miel. A travers ce régime alimentaire, un végétalien exprime surtout son refus de l’exploitation animale. Une motivation que l’on retrouve aussi dans le veganisme, qui s’apparente à un véritable mode de vie.

Le vegan est celui qui décide de vivre sans faire souffrir les animaux, que ce soit pour se nourrir, se vêtir ou autre. Il ne consomme aucun produit d’origine animale et choisit en plus de ne pas porter de cuir, de laine, ni d’utiliser des produits cosmétiques testés sur des animaux.

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