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Pollution extérieure : Comment protéger ma santé ?

Mercredi 26 août 2020

Allergies, cancers, troubles cardio-vasculaires…Les maladies liées à l’environnement sont en augmentation. Qu’est-il possible de faire pour protéger sa santé ? Le point sur ces questions qui touchent toute la population, en ville comme à la campagne.

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L'impact de la pollution sur notre santé

Selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), un quart des décès seraient désormais dus à un facteur environnemental. En France, la pollution par les particules fines tuerait plus 48 000 personnes par an. En pénétrant dans les ramifications les plus profondes des voies respiratoires puis dans le sang, elles peuvent être à l’origine de crises d’asthme, d’allergies, de maladies cardiaques ou cardiovasculaires (angine de poitrine, infarctus, troubles du rythme)…

Aujourd’hui, près de 30 % des Français souffriraient d’allergies (surtout respiratoires), contre 2 à 3 % en 1970, selon l’association Asthme et allergies. Le nombre de maladies cardio-respiratoires est en augmentation. Et d’après l’Institut national du cancer (Inca), entre 5 % et 10 % des cancers seraient liés à des facteurs environnementaux.
Plusieurs fois par an, on enregistre dans les villes françaises des pics de pollution. Mais c’est l’exposition quotidienne et prolongée qui est nocive pour la santé, selon Santé publique France. Et les campagnes ne sont pas épargnées : dans certains villages, les taux de pollution aux particules fines sont plus élevés qu’à Paris. En cause, le passage de nombreux camions et, dans les zones viticoles, les pulvérisations de pesticides.

Comment se protéger ?

Le premier réflexe à avoir est de se renseigner sur l’état de l’air dans la région où l’on vit, ce qui permet d’adapter ses activités. De nombreux bulletins sont diffusés à la télévision, à la radio ou sur Internet. Si vous pratiquez une activité physique à l’extérieur, évitez de le faire en pleine ville ou près d’un axe routier. Préférez les espaces verts.

Une étude britannique récente publiée dans The Lancet démontre que la marche sportive pratiquée en pleine ville réduit la capacité pulmonaire des plus de 60 ans, alors que, pratiquée dans un espace vert, elle l’améliore. Les enfants sont très sensibles à la pollution atmosphérique. Dans la mesure du possible, emmenez-les plutôt « prendre l’air » dans les parcs ou les endroits éloignés de la circulation. En centre-ville, évitez de laisser les bébés dans la poussette à proximité des pots d’échappement. En cas de pic de pollution, limitez les sorties pendant les heures les plus chaudes de la journée.

Ne prenez ni votre voiture, ni votre vélo, et utilisez les transports en commun. Si vous avez la moindre inquiétude pour vous ou vos proches (toux, respiration difficile…) demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien.

Le port du masque limite-t-il les effets de la polluton sur ma santé ?

Non, le port du masque chirurgical ou en tissu ne protège pas de la pollution, il laisse passer les particules fines. Certains masques équipés de filtres à charbon font l’objet, en Chine, d’une étude menée sur des patients marchant deux heures par jour dans Pékin. Il semblerait qu’ils aient une certaine efficacité. A suivre…

Femmes enceintes, personnes âgées : restez vigilants

Certaines personnes sont plus sensibles à la pollution et doivent faire l’objet d’une vigilance particulière.

  • Les enfants : en ville, ils marchent à hauteur des pots d’échappement et sont donc très exposés. Leurs alvéoles pulmonaires sont petites, très réceptives aux particules fines. Une étude de l’Unicef  parue fin 2017 démontre que ces dernières endommagent la barrière hémato-encéphalique, cette membrane qui protège le cerveau des substances toxiques, causant des problèmes neurologiques (altération de la mémoire, baisse des capacités linguistiques et motrices…).
  • Les femmes enceintes : comme le tabac, la pollution a des effets néfastes sur l’enfant à naître.
  • Les personnes âgées : leur aptitude ventilatoire diminuée les expose particulièrement.
  •  Les personnes souffrant d’asthme, d’allergie, d’une maladie cardio-vasculaire ou respiratoire risquent de voir leurs troubles s’aggraver.
  • Les personnes diabétiques, immunodéprimées, à risque cardiaque, souffrant d’affections neurologiques, respiratoires ou infectieuses doivent rester très vigilantes en cas de pic de pollution.

Quelles sont les solutions ?

Surtout ne pas affoler la population en diffusant des messages anxiogènes. Lutter contre la pollution des moteurs Diesel, la plus dangereuse, est une décision politique. Le filtre à particules, obligatoire sur les voitures Diesel depuis 2011, c’est un progrès, mais il n’arrête pas complètement cette nuisance. A Tokyo, par exemple, ces voitures ont été interdites, cela a fait baisser la mortalité cardio-vasculaire de 11 % et respiratoire de 22 %. C’est la diminution de 44 % de la concentration de particules fines qui a permis ce résultat extraordinaire. Je ne connais pas de médicament capable d’un tel résultat.

Et certains de nos voisins européens réussissent dans la lutte contre les méfaits des pollutions. Par exemple, Stockholm, qui est la référence de l’Oms pour la lutte contre la pollution extérieure, a réussi à réduire considérablement la pollution aux particules fines. L’Italie aussi a fait beaucoup pour éliminer les pesticides. Et surtout, il faut faire de la prévention auprès des publics sensibles comme les femmes enceintes et même avant, chez les couples qui projettent d’avoir un enfant : parler du tabagisme, de la pollution intérieure, de l’utilisation de produits bio pour la chambre de bébé…

Un coût humain et financier

En France, si la pollution atmosphérique coûte cher en vies humaines, elle représente aussi une charge financière : 145 milliards d’euros par an. Or, si toutes les communes françaises ne dépassaient pas la valeur guide préconisée par l’Oms, on ferait une économie annuelle de 53 milliards d’euros. 18 000 décès seraient évités. Par ailleurs, la pollution est aussi un facteur d’inégalités sociales. Par exemple, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), une des communes françaises où le taux de pauvreté est le plus important, on relève les taux de pollution les plus élevés du pays.