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Protections périodiques : risque de chocs toxiques

Mardi 25 février 2020

L’Anses demande aux fabricants d’améliorer la qualité de ces produits afin d’éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances chimiques et aux femmes de respecter scrupuleusement les règles d’hygiène.

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En mars 2016, « 60 millions de consommateurs » détectait dans les produits d’hygiène intime, des résidus de substances toxiques.  Cette publication faisait suite à la survenue du syndrome de choc toxique » (SCT) dû à une infection bactérienne (Staphylococcus aureus) chez une jeune femme mannequin aux Etats-Unis qui avait dû être amputée d’une jambe. Ce cas avait été à l’origine de la pétition lancée en France par Mélanie Doerflinger intitulée « Rendre visible les compositions des tampons de la marque Tampax » et transmise en 2015 au ministère des affaires sociales et de la santé afin d’alerter sur les risques liés à l’utilisation des tampons hygiéniques. En Europe, il n’existe pas de réglementation spécifique encadrant la composition, la fabrication ou l’utilisation des produits de protection intime. En France, les exigences de sécurité entourant les produits de protection intime sont définies par la directive sur la sécurité générale des produits (CE) n°2001/95/CE. Aux États-Unis, l’US Food and Drug Administration (FDA) a classé ces produits en dispositifs médicaux et a encadré leur commercialisation dès la fin des années 1970. 

Le Centre national de référence (CNR) des staphylocoques (Lyon) a recensé en moyenne 20 cas de SCT menstruel chaque année depuis 2010. Ces cas sont le fait de déclarations spontanées de cliniciens ou de microbiologistes à des fins diagnostiques ou épidémiologiques, compte tenu de l’absence de déclaration obligatoire actuelle des cas de SCT. Selon le CNR, une sous-déclaration ne peut donc être écartée. 

Suite à une expertise sur la sécurité des protections intimes publiée en 2018, l’Anses publie aujourd’hui des résultats d’évaluation complémentaires. Elle confirme la nécessité de renforcer l’information des femmes et des professionnels de santé sur le risque de syndrome de choc toxique menstruel (SCT). Celui-ci augmente avec la durée de port des protections internes. Celles présentant une capacité d’absorption plus forte que nécessaire majorent mécaniquement ce risque, en augmentant de manière excessive la durée de port.

Les recommandations figurant dans les notices d’utilisation des protections internes préconisent une durée de port maximale entre 4 à 8 h. Ces recommandations semblent peu ou mal suivies par la majorité des femmes, car 79% des femmes déclarent garder leur tampon toute la nuit sans le changer, et que près de 30% des femmes ne changent pas de coupe menstruelle durant toute une journée (2% pour les tampons). 

L’Agence a complété son travail d’expertise avec des essais complémentaires sur les coupes menstruelles et les tampons afin de mieux caractériser la composition de leurs matériaux et estimer les risques par rapport au staphylocoque doré. Ces essais ont révélé la présence de substances chimiques dans les tampons et les coupes menstruelles, mais sans dépassement des seuils sanitaires. D’autre part, l’Anses n’a pas mis en évidence de relation directe entre les propriétés physico-chimiques des matériaux de ces protections intimes et un risque d’augmentation du SCT. L’Agence recommande néanmoins aux fabricants d’améliorer la qualité de ces produits afin d’éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances chimiques.

L’Anses rappelle que le risque de développer ce syndrome causé par une toxine bactérienne est lié aux conditions d’utilisation de toutes les formes de protections périodiques internes. Ainsi, elle recommande qu’une information plus claire soit délivrée aux professionnels de santé et aux femmes. S’agissant des emballages et notices, cette demande d’amélioration concerne en particulier les fabricants de coupes menstruelles, plus récemment arrivées sur le marché.

L’Anses rappelle aux utilisatrices l’importance de respecter les règles d’hygiène en particulier le lavage des mains, que ce soit avant le changement de protection intime (39% des femmes ne se lavent pas du tout les mains) ou après le changement de protection (6% ne se lavent pas du tout les mains, 35% se les rincent juste sous l’eau). 


 

Anne-Marie Thomazeau, pour VivaMagazine


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