contact
Santé
Prévention

Gestion de la douleur : état des lieu en France

Mercredi 15 janvier 2020

Plus de 12 millions de Français souffrent de douleurs chroniques, soit un sur cinq. La souffrance constitue le premier motif de consultation chez le médecin généraliste et dans les services d’urgences. La douleur a des répercussions majeures sur la vie personnelle, familiale et professionnelle du patient. Où en est-on aujourd’hui en France ?

Image
douleur homme

En prélude au congrès sur la douleur (à Strasbourg du 27 au 29 novembre 2019), la Société française d’étude et de traitement de la douleur (Sfedt) fait un point sur sa prise en charge en France. Car si plus de 12 millions de Français souffrent, seulement 3 % des patients douloureux chroniques bénéficient d’une prise en charge dans un centre spécialisé.

Les structures de prise en charge de la douleur chronique sont fragiles

En France, nous bénéficions d’un réseau de prise en charge original. En effet, il existe 243 structures pour les patients souffrant de douleur chronique, c’est-à-dire lorsque celle-ci dure depuis plusieurs mois ou résiste aux différents traitements proposés par les médecins généralistes. Elles accueillent chaque année 400 000 patients. L’organisation est nécessairement pluri-professionnelle et pluridisciplinaire, associant au minimum un médecin, une infirmière et un psychologue, avec une formation spécifique. Ces structures bénéficient d’une labellisation. Il y en existe aussi pour les enfants ou pour la prise en charge des douleurs liées au cancer. Mais ces lieux sont fragiles car financés en grande partie par des dotations de type Mission d’intérêt général (Mig) dont le montant total reste inchangé depuis des années.

« La pérennité de ce financement n’est nullement garantie et le personnel qui travaille dans ces structures partage souvent son temps avec une autre activité telle que l’anesthésie, commente la Sfedt. D’autre part, ces structures sont bien moins rémunératrices qu’une activité de chirurgie par exemple, le temps passé auprès des patients n’étant pas compté.


Image

Crise des opioïdes : les Etats-Unis ne sont pas la France

En 2008, les overdoses par antalgiques opioïdes étaient responsables de près de 15 000 décès aux Etats-Unis. En 2017, le nombre a dépassé les 60 000. La prescription d’opioïdes conduisant à des overdoses est actuellement la première cause de mort accidentelle aux Etats-Unis, devant les accidents d’automobile, tuant plus de personnes que l’héroïne et la cocaïne réunies.

En France, nous sommes loin de cette situation. Même si les chiffres démontrent une forte augmentation de la consommation de codéine, de Tramadol et de poudre d’opium depuis plusieurs années, les opioïdes forts augmentent plus faiblement. La morbidité et la mortalité n’atteignent pas les chiffres de l’Amérique du Nord, qui consomme 80 % des opioïdes mondiaux. La vigilance s’impose tout de même. « L’éducation des utilisateurs mais aussi des prescripteurs est incontournable. Il est nécessaire d’identifier les patients à risques, consommateurs d’opiacés au long cours, explique la Sfedt. Les opiacés doivent toujours être utilisés à bon escient pour soulager des douleurs modérées à sévères. Il est toutefois indispensable de tracer les prescriptions et d’identifier les situations à risques pour l’usage et le mésusage de médicaments à risques d’addiction. »


Bientôt le cannabis thérapeutique

Les patients qui sont réticents aux autres traitements pourront dans un cadre précis, bénéficier du cannabis thérapeutique. Une prescription délivrée uniquement par des médecins spécialistes de la douleur ou des cancérologues qui vont recevoir une formation spécifique. Ces traitements seront donné soit en milieu hospitalier, soit dans les centres de la douleur.


L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a retenu les indications suivantes :

  • douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies (médicamenteuses ou non) accessibles ;
  • certaines formes d’épilepsie sévères et pharmaco-résistantes ;
  • soins de support en oncologie ;
  • situations palliatives ;
  • spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou des autres pathologies du système nerveux central.

Ces patients seront remboursés par la Sécurité sociale.

 

Marilyn Perioli pour Viva Magazine


À lire également sur la MMJ