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Écrans : mon enfant est-il addict ?

Mercredi 09 janvier 2019

Smartphone, ordinateur, tablette, console de jeux vidéo… Les écrans ont progressivement envahi notre quotidien. Chez les enfants et les adolescents, cette omniprésence peut entraîner des pratiques excessives avec des conséquences parfois proches de celles de l’addiction : chute des résultats scolaires, rupture des liens familiaux et sociaux ou encore troubles du sommeil et de l’alimentation.

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Un ordinateur et une tablette partagés par toute la famille, une télé HD au milieu du salon, une console de jeux par enfant et un smartphone pour chacun : la multiplication des écrans dans les foyers français se confirme. Selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel, au premier semestre 2017, on en comptait en moyenne 5,5 types par ménage. Cette omniprésence, qui a profondément modifié les habitudes familiales, n’est pas sans risque, notamment pour les enfants et les adolescents. Mal utilisés, ces appareils peuvent entraîner des pratiques excessives, voire dangereuses. « Si l’on ne peut pas vraiment parler d’addiction, au sens d’une dépendance qui nécessiterait un sevrage, certains enfants et adolescents peuvent effectivement développer des comportements particulièrement toxiques vis-à-vis des écrans », explique le docteur François-Marie Caron, pédiatre à Amiens et spécialiste des écrans pour l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa).
Première conséquence d’un usage excessif : des nuits agitées et un sommeil peu réparateur. Certains jeux vidéo, en particulier ceux de combat basés uniquement sur l’excitation, font perdre la notion du temps. L’enfant passe alors des heures devant sa console, oubliant la fatigue et la faim.

Réseaux sociaux

Les réseaux sociaux jouent aussi un rôle important sur le manque de sommeil. Via leur smartphone, nombreux sont les ados qui échangent jusque tard dans la nuit. Certains programment même des réveils nocturnes pour vérifier leur compte Facebook ou Instagram. « Ici, c’est la lumière bleue diffusée par les écrans qui pose problème, précise le médecin. Elle fait baisser la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil, ce qui retarde l’endormissement. »

Chez les plus jeunes, l’usage excessif des écrans induirait également des troubles du développement. « Les enfants d’âge scolaire exposés à plus de trois heures de télévision par jour présentent davantage de retard dans l’acquisition du langage, ainsi que des troubles de l’attention et de la concentration », observe le médecin. Des difficultés que l’on retrouve chez les adolescents, avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur les résultats scolaires. « C’est justement la chute des notes à l’école qui doit alerter les parents. Si l’utilisation qu’un enfant a des écrans ne lui permet plus de faire correctement ses devoirs, de suivre en classe, mais aussi d’avoir une heure d’activité physique par jour comme le recommande l’OMS, il faut s’interroger. »

La rupture des relations avec les copains, la décomposition des liens familiaux et l’isolement permanent dans sa chambre sont tant de signes à prendre en compte. Dans ces cas-là, la consultation chez un médecin devient indispensable. Il s’agira de désamorcer la situation et de mettre en place de nouvelles pratiques. A noter aussi que les consultations jeunes consommateurs (CJC) proposent une prise en charge spécifique aux ados dépendants de leurs écrans. Le plus souvent, « le repli sur les activités numériques est le signe d’une souffrance que l’enfant cherche à oublier », indique l’Afpa. D’où la nécessité de consulter un professionnel rapidement.

Dialogue et fermeté

Pour éviter d’en arriver là, les spécialistes insistent sur l’importance du dialogue au sein de la famille. « L’apprentissage du bon usage des écrans se fait dès la maternelle, souligne le docteur Caron. L’enfant doit toujours être accompagné dans sa découverte. Il faut parler avec lui de ce qu’il fait avec les écrans, de ce qu’il y trouve et de ce que cela lui procure. » Ensuite, des règles claires peuvent être fixées, comme l’interdiction des écrans à table, l’obligation de recharger le smartphone en dehors de la chambre durant la nuit ou les temps d’écran journaliers autorisés. « Définir avec les enfants comment on concilie la vie de famille, les devoirs et l’activité physique avec l’usage des écrans est une bonne façon de réfléchir tous ensemble », conclut le docteur Caron. Les règles établies devront bien sûr être respectées par toute la famille, grands-parents compris. Même si, parfois, quelques entorses pourront être tolérées, pendant les vacances par exemple.

 


La règle du 3-6-9-12

Pour un bon apprentissage de l’usage des écrans, l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa) recommande aux parents d’appliquer la règle du « 3-6-9-12 ». Elle correspond à des pratiques adaptées aux différents âges de l’enfant. Avant 3 ans, par exemple, un tout petit a surtout besoin d’interagir et d’échanger avec son environnement. L’Afpa conseille donc de privilégier les histoires lues et les jeux traditionnels et d’éteindre la télévision. Les outils numériques ne doivent jamais être utilisés pour calmer l’enfant (ils ont en réalité l’effet inverse), ni pendant les repas ou avant le sommeil.
Entre 3 et 6 ans, l’association préconise de fixer des règles claires sur le temps d’écran autorisé, de respecter les âges indiqués pour les programmes télé, de n’utiliser les écrans que dans le salon et de privilégier les jeux numériques interactifs où l’on joue à plusieurs. Entre 6 et 9 ans, en plus des règles précédentes, on peut commencer à discuter avec son enfant de ce qu’il voit et fait avec les écrans et à l’informer sur ce que sont Internet et les réseaux sociaux.
De 9 à 12 ans, l’Afpa invite les parents à déterminer avec leur enfant l’âge à partir duquel il aura son propre téléphone mobile. On décide aussi s’il a l’autorisation d’aller sur Internet et à combien de temps d’écran il a droit dans la journée. Enfin, après 12 ans, l’adolescent peut surfer seul sur Internet, mais en respectant des horaires déterminés. On l’informe au sujet du téléchargement, des plagiats, de la pornographie et du harcèlement.

Les pédiatres poussent également les parents à couper le wifi et  à éteindre les mobiles pendant la nuit.

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